Conférence du 14 janvier 2021 en visioconférence.
Le 1er juillet 2013 a été créée l’association T’Handi Quoi ? dont la présidente avait un frère handicapé.
Une dizaine de personnes se sont donc mises au travail pour écrire le projet, évaluer les besoins, etc. Le but étant de trouver une alternative à l’institution, d’inventer un mode de logement plus inclusif pour des personnes handicapées, et leur permettre de vivre « chez elles ».
En 2017, une conférence a été organisée à Palaiseau, conférence à laquelle Syndrome Angelman France a participé. C’est cette année que le projet a abouti sur une colocation de trois personnes handicapées. Le 14 janvier, au cours d’une visioconférence, T’Handi Quoi ? a pu rendre compte de quatre ans de fonctionnement.

Ce qu’est l’habitat inclusif :
C’est une réponse complémentaire au logement ordinaire et à l’hébergement en institution. Il consiste en un logement qui permet la cohabitation de personnes handicapées dans le schéma d’une colocation :
– Ce logement est le lieu d’habitation de la personne. Il est son « chez soi ».
– Il apporte une réponse au besoin de logement mais aussi d’accompagnement.
– La colocation est ancrée au cœur de la cité. C’est la mutualisation des moyens notamment la PCH et l’AAH qui le permet. La personne paie son loyer comme tout le monde et a droit à l’APL. Elle s’insère activement dans la vie du quartier.
Bref historique :
Ce concept est très récent.
– Il repose sur la Charte des Droits Fondamentaux adoptée par l’Union Européenne en mars 2002 à Madrid qui permet à la personne handicapée de reconquérir le contrôle de sa vie.
– Le 13 décembre 2006, l’Assemblée générale des Nations Unies vote la convention relative aux droits des personnes handicapées.
– En France, deux lois importantes sont votées, celle de 2002 qui rénove l’action sociale et celle de 2005, si décisive pour tenter d’établir l’égalité des droits et des chances.
– En 2010, émergence de l’habitat inclusif
– En 2017, l´État crée l’observatoire de l’habitat inclusif.
– En 2018 : la loi ELAN est votée, favorisant l’habitat inclusif et lui donnant un cadre légal. Création également d’un forfait pour le projet de vie sociale et partagée.
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000037639632
L’article 45 de projet de loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Loi Elan) vise à développer l’habitat inclusif en ouvrant la possibilité de colocation dans le parc social entre personnes handicapées adultes « dans l’objectif de répondre aux besoins de celles qui, ayant une certaine autonomie, souhaitent pouvoir habiter un logement ordinaire, sans pour autant vivre seules ». Cela permettra la mise en commun de certains dispositifs d’appui et d’accompagnement ou certaines aides, dont elles bénéficient par ailleurs. Ces logements seront attribués à chaque colocataire dans les conditions ordinaires d’attribution des logements sociaux prévues à l’article L. 441-2 du code de la construction et de l’habitation. Le plafond de ressources applicable sera celui du logement et s’appréciera dans le cadre de chaque contrat de location.
Chaque locataire d’un même logement signera avec le bailleur un contrat de location distinct. Le nombre de colocataires d’un même logement ne pourra être supérieur à cinq.
– Enfin, en juin 2020, ce cadre légal est conforté par le rapport De Denis Piveteau et Jacques Wolfrom
Ce rapport détermine 12 actions majeures pour développer l’habitat inclusif (donner des moyens aux associations, le forfait ADT, l’aide à la vie partagée, le soutien aux familles proteurs du projets, l’aide aux bailleurs, à la construction…
En France, il y a 350000 places pour les personnes handicapées dont 60000 en MAS et FAM, 2500 personnes vivant en habitat inclusif ou autre lieu de vie.
Retour au projet Toit-Même qui réunit Allison, Marie et Étienne…
C’est en 2017 que les trois colocataires emménagent aux Ulis dans leur appartement.
Les familles restent partie prenante et doivent s’entendre. Un préalable à la constitution d’une colocation c’est l’entente des colocataires et celle de leurs familles. Ensemble, avec l’association, ils déterminent la Charte de la vie sociale et partagée qui est rédigée et actualisée avec les colocataires.
Le Projet de Vie Individualisé est établi par le colocataire, sa famille et l’équipe pluridisciplinaire. Cependant, ce ne sont pas les familles qui sont porteuses du projet mais l’association T’Handi Quoi ? C’est elle qui définit les valeurs.
L’association présente une sensibilité particulière à la grande dépendance, au décloisonnement du handicap, leur différence est perçue comme un apport et non comme une charge.
4 mots caractérisent la philosophie de l’association :
– coopération
– liberté
– empathie
– solidarité
L’organisation :

(photo 2)
– L’encadrement est assuré par des aidants professionnels et une éducatrice spécialisée. Les aidants sont issus d’un partenariat avec une entreprise prestataire. Environ, 10 professionnels interviennent dont 2 la nuit. Le turn-over des auxiliaires de vie rend difficile la création d’une véritable équipe.
Les soins médicaux sont assurés en libéral. Pour l’un des résidents, une infirmière intervient deux fois par jour.
– Le financement des logements et de l’accompagnement :
L’association a un partenariat avec le bailleur social. L’objectif est que le financement de la colocation soit autonome. Les colocataires payent leur loyer avec l’APL qu’ils reçoivent et une partie de leur AAH. Le rôle de la MDPH est d’évaluer les besoins.
Quant à l’accompagnement, il est financé par les trois AAH mutualisées. Chacun a son médecin traitant et les colocataires choisissent les intervenants dont ils ont besoin.
Les tâches ménagères sont assurées par une aide-ménagère qui intervient deux fois personnels mais n’est pas pris en charge à 100% par l’aide sociale. Chacun participe donc aux tâches de la vie quotidienne : courses, repas etc.
Actualités et perspectives :
Le projet reposait à ses débuts sur du bénévolat. L’association a vu peu à peu sa professionnalisation avec deux personnes actuellement. Il y a également un accompagnement de l’ARS et un engagement du département. Pour le financement de la PCH.
Deux ouvertures de colocation sont en projet pour 2021, dont une colocation de quatre personnes. L’association espère en créer d’autres dans les années à venir. Le projet est de se tourner vers des handicaps plus lourds pour lesquels il ne s’offrent pas suffisamment de solutions.
Suite à une question sur la pérennité du fonctionnement, il est répondu que pour l’instant, les familles sont indispensables. Pour l’instant, la colocation est fermée un week-end sur deux et pendant les vacances. Dans les projets à venir, est envisagée une ouverture permanente.
Conclusion :
T’Handi Quoi ? a l’ambition de fournir aux colocataires les ressources nécessaires à leur bien-être telles qu’elles sont définies par la pyramide de Maslow qui hiérarchise les besoins humains en cinq niveaux.


Syndrome Angelman France – 01 2021